Dossier Maurice Rollinat

 

MAURICE ROLLINAT DANS LA PRESSE

Portrait de Maurice Rollinat par Catherine Réault-Crosnier.

 

Le Petit Parisien

Dimanche 25 octobre 1903

Page 3.

(Voir le texte d’origine sur Gallica.)

 

 

MAURICE ROLLINAT

Cruellement éprouvé par la mort de sa compagne, malade, surmené par ses besognes littéraires, Maurice Rollinat, très noble et très grand poète, l’auteur aimé des Névroses, vient d’être conduit dans une maison de santé, à Ivry, rue de la Mairie.

Photo : Maurice Rollinat pendant sa période parisienne.

La paralysie, d’atroces névralgies qui ne lui laissaient nul repos avaient fait de ce rimeur exquis un être lamentable qui ne vivait plus que sa douleur. Le guérira-t-on ? Il faut l’espérer, pour lui, pour ses amis et les lettres françaises.

Depuis le succès retentissant de son premier volume, il y a quelque vingt ans, Maurice Rollinat s’était retiré dans son pays natal, à Fresselines, dans le département de la Creuse. Il y menait une existence paisible de pêcheur et de cultivateur, en même temps que d’écrivain hors ligne, de musicien délicieux, car il possédait deux arts.

Il écrivait dernièrement à son ami Charles Frémine une lettre, qu’on publiait hier, dans laquelle il lui disait tout son amour pour la musique, sa musique à lui.

Il voulait rendre par des notes évocatrices la magie calme ou tourmentée, le clair ou le ténébreux, l’horreur ou la suavité de la nuit, ses silences, ses murmures... Il travaillait à cela en fanatique, pour se reposer de ses livres, pendant cinq, six heures de suite. Il quittait son piano, suivant sa propre expression, comme on sort d’un songe...

Maintenant, c’est la nuit faite dans son pauvre cerveau de génie. Le corps affaibli à l’extrême, la pensée morte, le voici livré à la science qui va lutter, pour lui, contre la mort. Plaignons Rollinat et souhaitons qu’il nous revienne !

 

Remarques de Régis Crosnier :

– 1 – Ce texte est fortement inspiré de l’article « Maurice Rollinat » paru dans Le Siècle du 24 octobre 1903, page 2. C’est dans celui-ci que figure la lettre de Charles Frémine évoquée au quatrième paragraphe lorsque l’auteur dit « qu’on publiait hier ».

– 2 – La paralysie indiquée au deuxième paragraphe, n’est pas récente ; elle date de 1896 (voir Émile Vinchon, La vie de Maurice Rollinat – Documents inédits, 1939, page 272).

– 3 – La Creuse n’est pas le pays natal de Maurice Rollinat puisque celui-ci est né le 29 décembre 1846 à Châteauroux (Indre).

- 4 - Durant les vingt années passées à Fresselines, Maurice Rollinat n’a jamais été « cultivateur ».