Dossier Maurice Rollinat

 

MAURICE ROLLINAT DANS LA PRESSE

Portrait de Maurice Rollinat par Catherine Réault-Crosnier.

 

Le National

Dimanche 26 juin 1898

Page 2.

(Voir le texte d’origine sur Gallica)

 

 

MAURICE ROLLINAT

 

Le chantre des Névroses, l’aède de l’Abîme, celui-là, l’ami lointain, celui que j’aime, parce qu’il est le noble indépendant, le vrai sincère ; Rollinat, le type le plus parfait de nos gloires françaises, par son grand talent qui touche au génie, et par sa simplicité d’homme ; Rollinat dont j’envie (oh ! bien un peu) le sort de dieu campagnard, Rollinat est à Paris.

Le voici revenu dans l’enfer en lequel bouent les cœurs et les âmes de ceux-là – les seuls poètes – qui savent voir, sentir, comprendre et pleurer ; mais ce retour sera pour lui, une brève étape pour la gloire et le plaisir. Il s’en va bientôt, ému, avec peut-être quelques regrets, mais des regrets qu’il fera germer et splendir en fleurs d’espérance, là-bas, dans son aire de poète, qui domine la Creuse.

Rollinat est venu à Paris pour faire exécuter – au profit d’un pauvre – ses œuvres de poète et de musicien ; il est venu pour serrer des mains affectueuses d’amis qui l’appelaient ; il est venu… et Paris frémira en l’entendant tonner sa magistrale poésie, Paris sera charmé par ses étranges douceurs, car il chantera ! Eh oui, il saura bien chanter pour tous, et ce Paris, la cité des soleils, des misères et des larmes, ajoutera, par le souvenir inénarrable, un fleuron – le plus beau – à la couronne de gloire du poète.

Emmanuel Hache.

25 juin 1898.

 

Remarques de Régis Crosnier :

– 1 – Emmanuel Hache ( ? – mai 1921) est un journaliste mais aussi un poète puisqu’il avait déjà publié au moment de cet article, Le Vol des Songes, poésies (Impression de R. Dubois Tours, 1896, 38 pages) et Pour des Femmes, poésies (F. Clerget éditeur, Paris, 1897, 185 pages). Dans la présentation du Vol des Songes parue dans Mercure de France du 1er août 1896, page 343, nous pouvons lire : « (…) il y a dans ce recueil de vers de la passion – et un poème traitant des craquements du cercueil sous l’effort du cadavre qui se raidit. (…) ». Ceci ne peut que le rapprocher de Maurice Rollinat.

– 2 – Maurice Rollinat est venu à Paris pour la soirée organisée notamment par Joseph Montet et Armand Dayot, et donnée le 28 juin 1898 à l’Athénée-Comique, au profit de Théophile Leczinski. Ces œuvres seront interprétées par des acteurs, mais Maurice Rollinat ne chantera pas.