Dossier Maurice Rollinat

 

MAURICE ROLLINAT DANS LA PRESSE

Portrait de Maurice Rollinat par Catherine Réault-Crosnier.

 

Le Gaulois

19 juillet 1895

Page 2.

(Voir le texte d’origine sur Gallica)

 

 

LES NOUVEAUX DÉCORÉS

 

(...)

 

MAURICE ROLLINAT

Un agreste, encore, celui-là, mais d’un tempérament tout autre, et d’une plus complexe et plus singulière originalité.

Evadé de l’enfer parisien, où il conçut et extériorisa les cauchemars de ses Névroses, Maurice Rollinat s’est réfugié dans la paix de la Nature dont il a donné le nom, simple et grand, a son dernier livre. Et là, dans ce coin pittoresque de la Creuse, où l’abrupte beauté du paysage conseille la méditation solitaire et grave, il a écouté les voix, toutes les voix de l’éternelle mystérieuse qui, depuis les milliers d’ans qu’elle parle, n’a pas encore dit son dernier mot. Et ces voix, Rollinat ne les a pas notées seulement par le verbe, il les a traduites par le souffle même de la vie qu’elles révèlent, par la magie d’une musique extraordinaire dont aucun autre artiste n’a surpris le secret.

Pour ceux qui l’ont vu et entendu, dans l’intimité de sa retraite rustique, le souvenir de Rollinat poète, musicien et chanteur, accompagnant et exécutant ses propres œuvres, reste comme celui d’une sensation d’art inoubliable et unique, qu’on est sûr de ne retrouver nulle part et jamais.

Le ruban rouge qui récompense cette belle vie de simplicité et de droiture, et qui signale au grand public ce robuste talent bien près du génie, va s’attacher à la boutonnière d’une vareuse de drap rude, trempée de pluie et rongée de soleil, suivant l’humeur du temps, que Rollinat, pêcheur impénitent et fanatique, continuera à promener, gaule en main, sur ces « bords de la Creuse » où le retient, dix mois sur douze, l’espoir, réalisé parfois, d’une victoire épique sur la truite ou le barbillon...

Les mânes du « grand Nuret » en bayeront de surprise. Mais tous les amis de l’art sincère et noble y applaudiront des deux mains.

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Paul Roche

 

Remarque de Régis Crosnier : Le « Grand Nuret », Léon Nuret pour l’état-civil, était clerc chez Me Landry à Châteauroux. Après le lycée, Maurice Rollinat travailla dans cette étude notariale et fit alors sa connaissance. Maurice Rollinat aimait à raconter des histoires qui étaient arrivées au « Grand Nuret ».