Dossier Maurice Rollinat |
MAURICE ROLLINAT DANS LA PRESSE |
La Vie littéraire
Jeudi 26 juillet 1877
Page 3.
(Voir le texte d’origine sur RetroNews.)
BIBLIOGRAPHIE
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A la même librairie [chez Sandoz et Fischbacher], M. Maurice Rollinat vient de publier un volume de vers : Dans les Brandes. Ce titre, qui nous transporte aux champs, ne ment pas ; ce sont en effet des études de la nature ; c’est à la campagne que M. Rollinat a puisé l’inspiration de ce volume. Mais on se tromperait si l’on demandait le calme et la fraîcheur reposante des bois, aux vers du poète pour qui Baudelaire et Edgard Poë sont des dieux, et pour qui tout ce qui est sombre, fantastique et violent a une étrange attirance.
En fuyant Paris, M. Maurice Rollinat a emporté, même dans le repos de la campagne, la prédisposition dominante de son esprit à voir le côté sinistre des choses ; et c’est là sa personnalité.
Ce qui nous charme, nous, dans la nature, c’est 1’apaisement, la fraîcheur des prés, l’ombrage touffu des bois emplis du chant des fauvettes. Ce que M. Rollinat aime surtout à peindre, c’est un pacage sauvage, une lande désolée, un vieux cheval lamentable ; c’est une fuite affolée dans des lieux sombres et hantés. Les oiseaux qu’il aime sont les pies et les corbeaux, ces oiseaux fatidiques. C’est dans les pièces, telles que la nuit fantastique, Où vais-je, la Lune, le Chien enragé, l’Hôte suspect, les Corbeaux, etc., etc…, que M. Rollinat est le plus lui-même, et qu’il donne carrière à son imagination.
Quelques pièces ont, il est vrai, un charme pénétrant de grâce et de paix, comme la petite Couturière, le Champ de Chardons, le petit Chien, mais les autres sont en plus grand nombre, et nous pouvons dire que l’impression qui se dégage du volume est celle d’un spleen irraisonné ; mais intense, d’une vague et morbide terreur, et d’un amour profond autant que sincère de l’étrange. M. Rollinat est un artiste savant, et nous ne lui ferons qu’un reproche, c’est d’avoir un peu abusé du rondel. N’est-ce pas un cadre bien étroit ? Quand on a la large touche du peintre, pourquoi s’engehenner dans la miniature ? Aussi nous préférons de beaucoup les pièces, telles que : Fuyons Paris, les Arbres, les Cheveux, la Mare aux grenouilles, le Chemin aux merles, qui sont d’amples paysages.
Tel qu’il est, ce livre est un début remarquable, où l’on sent une inspiration point banale, servie par une forme très-sûre.
HECTOR L’ESTRAZ.
Remarque de Régis Crosnier : Hector l’Estraz est un pseudonyme utilisé par Gustave Rivet (né le 25 février 1848 à Domène, Isère, et décédé le 20 juin 1936 à Barraux, Isère). Les deux hommes se connaissaient ; ils avaient participé tous les deux au livre Dixains réalistes par divers auteurs paru début 1876 à la Librairie de l’Eau-forte.
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