Dossier Maurice Rollinat

 

MAURICE ROLLINAT DANS LA PRESSE

Portrait de Maurice Rollinat par Catherine Réault-Crosnier.

 

La Revue politique et littéraire – Revue des cours littéraires

du 14 juillet 1877

Page 43.

(Voir le texte d’origine sur Gallica.)

 

 

CAUSERIE LITTÉRAIRE

 

(…)

VI

Quand je subis les parnassiens, je crois préférer encore les réalistes ; mais quand je suis en proie aux réalistes, je m’écrie tristement : Ramenez-moi aux parnassiens Je viens d’être en proie à M. Maurice Rollinat, à ses poëmes et à ses rondels. Dans les brandes (2), tel est le titre perfide de son volume. On s’imagine qu’on va respirer une âcre, mais saine odeur de bruyères : hélas ! l’odeur de la soupe aux choux ! M. Rollinat fuit Paris, où grouillent des cœurs bourbeux, nous dit-il : le voilà en route pour la vallée de la Creuse avec une belle amie qu’il emmène. Arrivé au pays, il oublie son amie pour aller mirer ses yeux dans la prunelle des génisses, ou bien pour les fixer avec recueillement sur les tons pourprés que met le soleil aux grandes bouses de vache. Ne croyez pas que j’invente. Son cœur est vaste. Il embrasse dans une même tendresse et les ânes qui broutent et les dindons qui glougloutinent, et les porcs qui se vautrent et le crapaud, Roméo gluant qui dit de tendres choses à sa molle et brune Juliette, laquelle bave de plaisir. Ces paysages sont dédiés à la mémoire de George Sand, qui aimait la campagne d’une autre façon cependant. Il est juste d’ajouter que M. Rollinat se joue avec bonheur de toutes les difficultés matérielles de la poésie. Il jongle très-habilement avec les rimes, les faisant bondir et rebondir de façon surprenante. Celle-ci va lui échapper ! non, il la rattrape au vol. Il y a là de vrais tours de force, comme en exécutent seuls certains improvisateurs après avoir demandé à la société des rimes dont le mariage paraît invraisemblable. M. Rollinat a le métier, ce qui est quelque chose. L’art, le sentiment, l’inspiration sont quelque chose aussi.

Maxime Gaucher.

 

(2) Sandoz et Fischbacher.