Dossier Maurice Rollinat

 

MAURICE ROLLINAT DANS LA PRESSE

Portrait de Maurice Rollinat par Catherine Réault-Crosnier.

 

La Revue

15 août 1904

Pages 477 à 491.

(Voir le texte d’origine sur RetroNews.)

 

 

(page 477)

 

Les Cénacles artistiques et littéraires

AUTOUR DE MAURICE ROLLINAT

De récents événements, la mort de Maurice Rollinat, la vente à l’encan des dernières reliques du Chat Noir, ont fait péleriner la curiosité parisienne vers la Colline sacrée et vers l’époque ou dans divers cénacles s’élaborait tout un mouvement de littérature et d’art modernes ; où beaucoup des triomphants et des notoires de l’heure présente ont laissé le souvenir de leurs débuts, des ambitions et des rêves de leur toute jeunesse. Entre bien d’autres, M. Maurice Donnay, qui malin « oiseau de passage », partit de la rue Victor-Massé pour arriver à la Comédie-Française et même chez Antoine.

Faisons donc une visite à ce feu Chat Noir et aux quelques autres cénacles contemporains, où nous retrouverons, aussi, ce prestigieux Maurice Rollinat, si sommairement expédié par la presse, embandeletté de légendes apocryphes, encadré de clichés, travesti en mannequin macabre. Nous l’y trouverons à ses années de gloire, peu avant son volontaire exil dans sa Creuse natale.

Il fut réellement la flamme de cette belle époque fertile en aspirations, propice aux réactions d’écoles, avide d’individualisme.

Impulsif, extra-sensible et riche en dons de frappe, d’accent et d’effet qu’il profusionnait sur tout sujet, poésie ou musique, il fut bientôt injustement catalogué spécialiste en thèmes morbides. Or une très vaste partie de son œuvre est un cri d’enthousiasme éloquent et neuf, devant la nature candide, saine et apaisante ; chant fraternel au chant de l’alouette chanté par un robuste peintre poète qui se lève de bon matin :

A l’aube, à l’heure exquise où l’âme du sureau
Baise, au bord du marais, la tristesse du saule

pour se délecter de reflets, de frissons, de lumières et d’ombres transparentes.

Sa musique était la fidèle paraphrase de sa poésie, enluminée de couleurs vives, inattendue et impérieuse.

(page 478)

Servi par des moyens vocaux exceptionnels, Rollinat, chantant des vers de Baudelaire ou les siens, produisait un résultat et un ensemble d’art unique, qu’aucune description ne saurait suppléer et que bien peu d’interprètes seraient en mesure de restituer.

L’originalité dominante de ce musicien était un sens de volupté âpre, goûtée dans la mélancolie qu’il replaçait ainsi parmi les ressources de bonheur humain.

Revoyons-le dans ces milieux demi privés, demi publics de la rive gauche, où se groupait la génération littéraire d’aujourd’hui autour de cette figure flamboyante et créatrice d’émois inédits.

Surprenons-le dans la cordiale et simple intimité avec le poète Fernand Icres, partageant de modestes agapes chez un restaurateur, compatriote pyrénéen de l’auteur des Fauves qui était fier de présenter à l’auteur des Névroses, son idole, un coin de son pays, au moins sous l’espèce de ce patron plein d’accent, qui servait de 1’armagnac avec le café. Georges Lorin, dessinateur poète, le créateur de la vignette-réclame et d’une poésie fantasque et désinvolte ou il porta le joli jusqu’à la dignité d’un beau très à lui, était la troisième personne de cette trinité artistique.

*
* *

Aux Hydropathes, cercle littéraire ambulant de local en local, Maurice Rollinat partagea la royauté de vogue avec Emile Goudeau, et tous deux marquèrent la génération actuelle d’une forte influence.

Que de gloires débutèrent à ces réunions d’Hydropathes, dont Mme Sarah Bernhardt était membre honoraire !

Un élève du Conservatoire y grimaçait d’une façon spirituelle et neuve des monologues de Charles Cros. Avec L’Obsession, il faisait rire aux larmes ; on n’hésita point à lui présumer quelque avenir.

Il s’appelait Coquelin Cadet.

L’adolescent Félix Gallipaux y révélait des dispositions, et M Villain, d’avant la Comédie-Française, y disait la Ballade à la Lune d’André Gill, devant l’auteur qui en abusait pour, pendant ce temps, dessiner la charge du diseur.

Le timide et blond Alphonse Allais, en rupture de Codex, y aventurait ses premières fables expresses.

Gaston Sénéchal, aujourd’hui préfet – ce que c’est que de nous ! – y témoignait, en vers exquisément ciselées et pleins d’esprit, son aversion pour l’eau et sa préférence pour les crus de France.

(page 479)

J’ai dit : ô fontaine Vallace !
Je ne boirai plus de ton eau,

et vous voyez quelle rime riche cela faisait à tonneau.

M. Massiac s’y dénonçait subtil rimeur. M. Félicien Champsaur, d’avant le journalisme, y était déjà le poète de ses romans de poète. Paul Marot ressuscitait le charmant genre provincial de son homonyme ancêtre ; encore une valeur enlevée récemment par la bourrasque de la vie.

Le plus jeune des anges flamands, blond et bouclé, évadé de quelque triptyque de Van Eyck, y vint dire d’une voix de viole des vers tendres, frêles et frais comme des grappes de lilas. C’était l’auteur de Jeunesse Blanche, c’était l’auteur de Bruges la Morte, notre ami bien regretté Georges Rodenbach.

Armand Masson, employé aux bureaux de la ville comme Rollinat, récitait d’une voix plate et ennuyée de ses poésies, qui ne sont pas loin d’être les meilleures de ce temps. Jules Jouy chantait sa complainte du Pape errant :

Moi qui dans l’Vatican
N’couchais qu’dans l’astrakan,

et celle de saint Galbert à la recherche du meurtrier de son frère qui

Est mort à la guerre
Tué par un assassin.

Après avoir parcouru

La Grèce, l’Espagne
Bell’ville et Ménilmontant

le brave héros s’avise du peu de succès réservé à son entreprise.

A mon âge faut-il être
De bon sens dépourvu ?
Comment pourrais-je le r’connaître
Puisque je n’l’ai jamais vu ?

Le flegmatique et doux Mac Nab y psalmodiait ces énormes et fines facéties : Le Bal de l’Hôtel de Ville, La Ballade des Poêles mobiles.

Des deux frères Decori, l’aîné, Félix, aujourd’hui avocat célèbre, alors élève au Conservatoire, y vint dire de distingués poèmes dont il était l’auteur et en cédait quelquefois l’interpré-(page 480)tation au plus jeune, Louis, étudiant en droit, devenu depuis le fameux comédien du Chemineau et de tant d’autres créations.

L’admirable Charles Cros et le radieux poète-philosophe, son frère Antoine Cros, faisaient un véhément accueil d’enthousiasme à toute initiative honorable, à toute marque de talent ; Charles Cros conspuant sans vergogne les nullités, réprouvant violemment le jeu cruel qui consistait en exhibitions de grotesques que l’on applaudissait à outrance, par dérision.

C’est, du reste, de ce rang de bafoués que sont sortis quelques arrivés d’aujourd’hui.

*
* *

Vers 1882, à la suite d’Emile Goudeau et de Maurice Rollinat, le mouvement intellectuel émigra à Montmartre et y tint ses « estasts » au cabaret du peintre Salis.

Et ce fut une très curieuse centralisation de toute la gent chantante, rimante, dessinatrice, rêvassière et humoriste.

Les vétérans, Léon Cladel, Paul Verlaine, Paul Arène, les déjà connus, Maurice Rollinat et Emile Goudeau, y bénirent la poésie montante.

M. Georges d’Esparbès y déclamait, avec une ardeur de néophyte et une voix de ténorino méridional, de gracieux Poèmes bibliques ; M. Haraucourt, rollinatiste déclaré d’une diction pure et chaude, y récitait ses vers de début.

C’est par lui que nous eûmes l’honneur d’entendre interpréter devant un public de Vendredi, s’il vous plaît, un de nos poèmes en vers libres : Le Démon de Rakoczy, et cette première, naturellement, nous bouleversa d’émotion.

Un solide Normand, blond et rose, l’aspect quelque peu anglomane, ouvrait un œil clair de jeune crocodile émerveillé sur cette assemblée illustre : c’était Jean Lorrain qui, sournoisement, préparait, déjà, son très beau livre : La Forêt Bleue, et plus sournoisement encore ses « Rétif de la Bretonne ».

Autour de ce centre dont l’organe était le journal : Le Chat Noir, dirigé par Rodolphe Salis, avec Emile Goudeau pour rédacteur en chef, la jeune littérature affluait de toutes parts.

Ce qui devait constituer le groupe du Mercure de France se rencontra là : Mme Rachilde, frêle jeune femme, chastement garçonnière, d’ardente intellectualité, le jouvencel Valette qui allait devenir l’éditeur en vogue de sa génération, tremblait, en attendant d’un saint respect devant l’aréopage que formaient Rollinat, Goudeau et son archi-étrange cousin Léon Bloy, face de Kéroub enragé, (page 481) éloquence d’un Tacite compliqué d’un Ezéchiel, qui commençait là une carrière de journalisme plus qu’orageuse.

Aux five o’clock classiques des Vendredis, dans la plus cachée des encoignures, venaient s’asseoir deux éphèbes fascinés. C’étaient Louis Le Cardonel et son ami Victor Margueritte.

Albert Samain y murmura ses vers d’avant la réforme d’une grâce grise qui devait lui valoir, plus tard, l’assentiment de M Coppée, et M. Jean Moréas, alors parnassien, y martelait son Ruffian et L’Omnibus de la Villette. Cela lui attira le surnom de Parthénon-Courcelle.

A côté de ces éphèbes, brûlants du désir de se pousser en avant, de percer ; – dans cette atmosphère d’usine cérébrale, de laboratoire, où les idées traînaient sur les tables parmi les soucoupes – s’insinuaient des figures suspectes et sournoises, qui, à la longue, s’imposaient, familières.

Ici, quelque pion méridional au faciès escobard et morose, verni d’un fiel malsain, vomi sur Paris par la plus croupissante et rancunière des provinces.

Plus loin, tel spécimen de rebut suisse ou belge. Patients pêcheurs à la ligne, ils s’approvisionnaient là pour leurs tardifs débuts littéraires, papelards et obséquieux, même avec les débutants qui semblaient promettre d’ARRIVER.

Plus d’un amena, proie idéale, pêche miraculeuse, de vieilles chaussures ayant appartenu à Léon Bloy, et s’y façonna un chapeau de pamphlétaire.

Et, tandis que ce Bloy, bison apocalyptique, usait les forces d’un réel génie à défoncer les portes pour SORTIR des meilleurs endroits, les camelots, coiffés de son style, faisaient commerce de métaphores offensives, insultaient systématiquement tout ce qui possède un nom dans les lettres, pour se faire remarquer, jusqu’au jour où telle circonstance fortuite leur procurant une demi-place en journalisme, ils redeviennent polis et plats avec les « chers maîtres », et n’insultent plus que les femmes.

 

*

* *

Tous les transfuges du Cercle des Hydropathes s y retrouvaient.

Les frères Decori y pèlerinèrent métamorphosés, l’élève du Conservatoire en avocat déjà apprécié, l’étudiant en droit, en comédien professionnel ; Maurice Maindron entre deux voyages de savant entomologiste à la Nouvelle-Guinée venait s’asseoir en cette salle – pépinière du Paris producteur d’art – pour y rêver (page 482) peut-être, les premiers chapitres de son admirable Saint-Cendre, d’une Renaissance si vivante, et si virtuose en érudition vraie.

On y réentendait Armand Masson disant, très mal, ses très beaux vers : Cloches à Rome, Quand nous serons riches, La Vierge aux Oranges, et pour les dernières fois, hélas ! les vibrantes strophes de Fernand Icres, qui s’affirma d’emblée poète de la plus haute valeur originale avec des poèmes, tels que : La Conquête, L’Ancienne et même de simples petites chansons comme celle-ci :

LE SOIR DE LA FÊTE

Viens, puisque nous nous aimons,

Sur les monts.

Vénus pleure sa lumière

Et j’entends dans les sillons

Les grillons

Chanter l’hymne coutumière

De l’azur du firmament

Doucement

Tombe en perles la rosée.

Viens, puisque c’est un beau soir,

Nous asseoir

Dans la campagne apaisée.

Ecoute le vent qui est

Inquiet

Frôler les feuilles prochaines.

Un soupir des bois touffus

Sort confus

Eclos dans les cœurs des chênes,

et qui mort très jeune, en 1885 – laissant un très beau volume de vers Les Fauves (I) – est totalement ignoré de l’heure actuelle. Villette, Steinlen, Caran d’Ache, Henri Som, Rivière, étaient la jeune phalange dessinatrice groupée autour de leur déserteur copain Salis qui, de peintre, s’était fait « Cabaretier du Diable ». Henri Pille, leur aîné, promu à la dignité de Monsieur Pille, imposait le respect par le débraillé légendaire de sa tenue et son attitude, roublardement adoptée, de paysannerie, fruste et finaude, réellement fin et plein de malice, au fond, conscient de son grand talent.

Il se plaisait à être la terreur des dames du monde qui aiment avoir, à leur thé hebdomadaire, les hommes en renom.

(I) Lemerre éd.

(page 483)

– Ça ne vaut rien, professait-il, pour les peintres, ces machins mondains, ça les empêche de se coucher de bonne heure de travailler dès le matin.

Avec Willette, type du Pierrot moderne, même au physique ; avec Steinlen, rêveur, sentimental et narquois, un mode nouveau d’illustration s’inaugura, complexe, mélancolique et ironique, attendri et cruel. A la troisième page du journal Le Chat Noir, la légende sans parole, d’origine allemande, se parisianisa follement, tandis qu’aux autres pages – après l’article de tête, gasconnement parisien, scintillant d’esprit avec Emile Goudeau, éblouissant d’éloquence agressive, plus tard avec Léon Bloy, qui y publiait ses Propos d’un Entrepreneur de Démolitions, chef d’œuvre de style et de maladresse où il se concilia les inimitiés universelles – des signatures naissaient : Paul Bonhomme, Edmond Haraucourt, Georges d’Esparbès, Alphonse Allais, Léon Gandillot, Grenet-Dancourt, Victor Meusy, Léopold Dauphin, Georges Auriol, la nôtre, et, plus tard, celle de Franc-Nohain qui y parodiait notre réforme de prosodiste, cordialement, sans songer à mal, c’est-à-dire sans se douter de la situation excellente et originale que cette plaisanterie allait lui donner dans la littérature d’aujourd’hui.

C’est ainsi que de ce Chat Noir – avec la plupart des courants artistiques qui caractérisent l’heure actuelle, dans l’illustration, dans la chanson, dans le théâtre et dans la littérature fantaisiste – est parti aussi le mouvement rénovateur poétique.

Les premiers poèmes en vers libres parurent entre quelque spirituelle fumisterie d’Allais et une très parnassienne boutade de Georges Lorin.

Ils étaient signés par une très jeune personne, point professionnelle des lettres, musicienne par son éducation et son goût, élève et admiratrice du compositeur Charles de Sivry qui était l’âme chantante de ce cénacle ; orchestrale aussi, car aux Vendredis de Gala, il y conduisait un ensemble de quatre ou cinq instrumentistes de bonne volonté, logés dans la mesure du possible, sur les tables et dessous, un peu, pour faire entendre des rapsodies géniales sur les chansons populaires, harmonisées par lui.

Ce petit bonhomme, frêle figure d’ivoire japonais, aux yeux saillants, était l’art et la fantaisie même, la science musicale profondément possédée et une authentique gaîté d’enfant.

Un jour, invité par Salis à son château de Naintré, – le peintre cabaretier était aussi châtelain, – le musicien paya l’hospitalité reçue en s’installant à l’orgue de l’église paroissiale pour y jouer pendant la grand’messe, et devant la foule des fidèles au com-(page 484)plet – dont quelques autres invités, peintres et littérateurs, emmenés de Montmartre.

Alphonse Allais, qui assistait à la cérémonie, nous contait qu’une vague inquiétude s’empara de lui, lorsqu’au Dominus vobiscum il entendit l’orgue entonner l’air de la chanson bretonne :

Qu’allais-tu faire à la fontaine

Corbleu, Marion !

Qu’allais-tu faire à la fontaine ?

Et voici le clavier des voix célestes attaquer pour l’Offertoire :

Auprès de ma blonde
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon,
Auprès de ma blonde
Qu’il fait bon dormir.

Les grands tuyaux s’enflant à leur tour, éclatèrent pour mugir la scie du jour, dédiée à M. Jules Grévy :

Nous avons eu sur le trône de France
Des généraux, des rois, des empereurs.
Tous ces gens-là barbotaient nos finances
Il n’en faut plus, Français, y a pas d’erreur.

Puis les registres extatiques susurrèrent :

Le père Grévy n’avait qu’un billard,
Rien qu’un billard, un seul billard

– Et la foule des fidèles, quelle tête faisait-elle ? interviewai-je.

– La foule des fidèles pleurait d’émotion – tant les harmonies étaient pathétiques, les rythmes gouailleurs transfigurés en geste de majesté par la toute-puissance de l’Art.

– Et Salis, et les autres Montmartrois ?

– Ils pleuraient aussi, mais c’était de rire.

L’élève de ce Maître musicien, la jeune poétesse déserteur de la musique et des prosodies anciennes – vit un de ses poèmes libres reproduit à l’Evénement (1882) dans un article où M. Georges Duval exhibait le phénomène en termes élogieux.

Le phénomène eut alors l’honneur de quelques conseils des maîtres. M. Catulle Mendès daigna lui dire :

– Cela vaudrait la peine, mon enfant, que vous apprissiez à versifier, il y a une matière poétique dans ces petites proses.

Et M. Moréas déclara :

(page 485)

– C’est bizarre, les femmes !

Quel ne fut point l’orgueilleuse stupéfaction de notre débutante en lisant, peu de temps après, dans Le Gil Blas, des poèmes selon cette même formule limitrophe – entre le vers et la prose – signés du maître Catulle Mendès – dans Le Figaro, M. Moréas annonçant aux peuples qu’il venait d’inventer le vers libre !

C’est de cette première année de Montmartre littéraire, où s’instaura la mode du chansonniérisme (auteurs s’interprétant eux-mêmes), que Maurice Rollinat – si extraordinairement doué – pour s’illustrer sur ce terrain, se déroba aux succès parisiens.

*
* *

L’auteur des Névroses fut le possédé de la passion de l’art, de la frénésie de l’art.

Son amitié allait aux seuls êtres en communion avec son idéal, et il eut des admirateurs fanatiques.

Charles Frémine, le pur poète de Floréal et de Pommiers en fleurs, le père de la littérature journaliste par sa carrière au Rappel, où il signait Le Passant mainte impression délicate et vive, promenait le culte de Maurice Rollinat, dans les cénacles, en réminiscences sonores de ses mélodies et de ses vers, auxquelles il faisait place, en sa mémoire fervente, à côté du maître idolâtre Victor Hugo.

Par bien d’autres notes que celles macabre et morbide ce vibrant poète se fit connaître et admirer.

Empruntons quelques alinéas à un article que d’une plume écolière, mais convaincue, nous écrivions dans feu Etoile de France (2 mai 1883) : « Il tourne ses yeux vers la Nature, il y désaltère ses fièvres de malade d’Idéal, il y endort ses nostalgies ; sa mélancolie s’y angélise. Il la regarde avec des yeux si remplis de tendresse que nul détail ne lui échappe.

« C’est de la miniature impressionniste par le langage à la fois suggestif et précis. »

LA SAUTERELLE.

Sa tête a l’air d’être en bois peint
Malgré ses mandibules moites ;
Elle a l’œil gros comme un pépin,
Pareille aux bêtes en sapin,
Mouton, cheval, bœuf et lapin
Que des enfants ont dans les boîtes ;
Sa tête a l’air d’être en bois peint
Malgré ses mandibules moites.

(page 486)

Quand le soleil a des rayons
Qui sont des rires de lumière.
Elle se mêle aux papillons
Et cliquète avec les grillons ;
Elle abandonne les sillons
Et les abords de la chaumière,
Quand le soleil a des rayons
Qui sont des rires de lumière.

Et ce Ciel, ne dirait-on pas un charmant tableau de Memling :

Le Ciel est le palais des âmes
Et des bonheurs éternisés.
Là, joignant ses doigts irisés,
La vierge prie avec ses dames.

Les esprits y fondent leurs flammes ;
Les cœurs s’y donnent des baisers :
Le Ciel est le palais des âmes
Et des bonheurs éternisés.

A présent, il y est peut-être monté dans son ciel d’artiste, après une mort pathétique : un deuil d’affection, auquel il ne sut point survivre, a mis fin à une vie qui était un exemple d’art.

De son œuvre importante : Dans les Brandes, Les Névroses, L’Abîme, La Nature, Les Apparitions, Paysages et Paysans, beaucoup de pages sont marquées de cette griffe mystérieuse, impossible à méconnaître, que le génie laisse où il a passé et il y a passé souvent.

Une saveur puissante, une sincérité et une intensité de rêve, un style plein d’heureuses aubaines éblouissent et délectent dans des poèmes comme : Les Frissons, Le Val aux Marguerites, La Chevelure, Le Cimetière aux Violettes et d’autres à profusion.

Quelques-unes de ses extraordinaires mélodies sont recueillies chez les éditeurs Hartmann, Lemoine, mais la plus grande partie de ces musiques mourut avec la surprenante voix qui les fit entendre.

Ceux dont il a électrisé l’adolescence avec cette voix magicienne ont aujourd’hui vingt ans de plus. Une lassitude a succédé aux belles ardeurs premières et beaucoup de leurs illusions sont mortes.

Mais ce qui est peut-être un peu mort aussi, et pour toujours, c’est un certain enthousiasme généreux, une faculté d’admiration désintéressée, spontanée, qui faisait d’une salle de jeunes réunis au nom de l’Art – encore en ces années que nous évoquons – une nef frémissante d’une exaltation de fidèles, offrant leur cœur, sans aucune arrière-pensée égoïste, à un poète qui savait le prendre.

(page 487)

Malgré l’émigration de la jeune littérature vers Montmartre, le quartier Latin conserva en partie ses cénacles et ses réunions modifiées et passées sous la présidence de M. Léon Deschamps, fondateur de La Plume.

On y remarquait, nouveau débutant, M. Jean Rameau, dans d’énergiques poèmes naturistes, devançant ainsi les toutes dernières recrues de la poésie qui arborent l’étendard du Naturisme comme haute nouveauté littéraire – oubliant M. Jean Rameau, Maurice Rollinat, Pierre Dupont et, un peu plus anciennement Virgile, – à qui ses contemporains reprochaient déjà d’être un imitateur.

M. Marsolleau y roucoula ses premiers vers en dansant un peu du ventre et des hanches, mode qu’il a essayé d’acclimater sur la scène de la Comédie-Française dans son Bandeau de Psyché, que M. Dehelly (Amour) dansa le même soir où l’on donnait Le Voile, de Georges Rodenbach, et Les Romanesques, de M. Rostand.

Le café Voltaire, outres ses mercredis de réunions félibriges, avait les Lundis – peut-être en souvenir de Sainte-Beuve – qui mêlaient cordialement le Parnasse : MM. Charles Frémine, Emile Blémont, Albert Mérat et Raoul Gineste avec les prosateurs remarquables : Octave Uzanne, Charles Maurras, Camille de Sainte-Croix, Laurent Tailhade ; – et la future nouvelle école : M. Stuart Merril, Charles Morice, Adolphe Retté, le bi-riverain, M. Moréas, et d’autres que nous oublions, sans intention – tous édités chez Léon Vanier, le Lion Vanné des Déliquescences (I).

(I) Spirituelle parodie que signèrent deux bons poètes : Gabriel Vicaire et Henri Beauclair d’un pseudonyme commun (quoique rare) : Adoré Floupette.

*
* *

Pour l’année de l’Exposition 1889, le Chat Noir était transporté dans un hôtel privé de la rue Victor-Massé, où il se mit sérieusement dans ses meubles. Il y installa un original théâtre d’ombres, dont l’aïeule était la vieille lanterne magique et où défilèrent des spectacles ultra-modernes : Phryné et Ailleurs de Maurice Donnay, La Marche à l’Etoile, de Fragerolle, après L’Epopée de Caran d’Ache qui avait ouvert le feu.

Déjà la physionomie des choses avait changé. Les vedettes se sont détachées en vigueur : Mac Nab, Jules Jouy, Maurice Donnay, plus pratiquement s’emparant de la note du parisianisme lyrico-(page 488)fumiste inventé par Emile Goudeau un peu disparu de l’arène après une fâcherie avec Salis que le rapide succès enivra, aidé de multiples verres de cervoise.

Une autre fâcherie de Salis, avec Fragerolle, séduisant et correct interprète de ses œuvres, notamment de son grand succès La Marche à L’Etoile, donna une longue royauté à un interprète assez insignifiant qui le remplaçait en l’imitant et qui se crut obligé d’en devenir compositeur de musique, d’une manière nominative ; acquisition récente, inaugurée par quelques-uns du monde des chanteurs et fort funeste aux vrais compositeurs, qui, n’étant pas en mesure d’assurer à l’éditeur les droits d’auditions quotidiens, dans des établissements publics, – comme le peuvent les interprètes, – sont repoussés et parfois réduits à des postes de pianiste accompagnant des chansons – par eux-mêmes écrites, le plus souvent, et abandonnées à la signature de l’interprète, pseudo-compositeur, pour une somme minime.

Cela est certainement la caractéristique et triste plaie de l’heure actuelle, où le chansonniérisme semé par le Chat Noir a levé si prolixe et foisonné avec ou sans talent. Tous sont poètes et compositeurs comme si ça ne coûtait rien, puisque avec cent sous on en voit la farce – me l’avouait lui-même M. Aristide Bruant qui, du moins, est l’authentique et talentueux poète de ces âpres Chansons de la Rue. C’est lui qui s’installa dans l’ancien local du Chat Noir, boulevard Rochechouart, après le départ de Salis pour les gloires officielles de la rue Victor-Massé.

Car la très grande vogue parisienne était venue, et le snobisme donna en plein.

Salis, ivre d’irrespect et d’aplomb, fit revêtir à ses garçons de café l’habit à palmes vertes des académiciens. Un suisse, en grande tenue de cérémonie, comme à la Madeleine, recevait, dès le vestibule, le monde du faubourg Saint-Germain, les ministres et les authentiques dames du grand monde, très en toilettes et en diamants, qui ne manquaient pas une première. Les vrais académiciens, – en redingote, – s’asseyaient, après le théâtre, dans la salle du rez-de-chaussée, pour se faire servir à souper par leurs collègues pour rire, les garçons en habits à palmes.

Les sculpteurs, Dalou, Rodin, Falguière, les maîtres de la littérature et du journalisme, Ledrain, Montorgueil, les peintres Gérôme, Henner, Poilpot – étaient des familiers de ces premières et magnifiaient, du lustre de leur renom, la célébrité du lieu.

Salis, exubérant et verbeux, nullement intimidé par de telles assemblées, se multipliait aux tables, empêchait de languir la consommation.

(page 489)

– Vous devez crever de soif, messeigneurs, vous n’avez plus rien dans vos verres. Hein ? Vous dites quatorze bocks ? – Et les seigneurs ne soufflant mot :

– Vous les aurez. Edison ! (c’était un des garçons académiciens) – quinze bocks pour ces gentilshommes, dont un bien tiré qu’ils ont la courtoisie de m’offrir.

D’office, on était prince, baron ou tout au moins gentilhomme, et cette antique grosse rouerie produisait quand même son effet.

Un client frappait avec une monnaie, demandant à régler son compte.

– Allons, Edison, braillait Salis, vous ne voyez donc pas que le baron redemande à boire, pour lui et ses amis, dépêchez-vous, il n’est pas homme à attendre votre bon plaisir.

Et le baron – sans doute un surnuméraire à cent cinquante francs – déjà levé pour partir, se rasseyait et subissait l’impôt de la tournée pour ne pas se couvrir de ridicule.

*
* *

Citons une note inédite que nous prîmes pendant la dernière année de l’illustre cabaret.

Salis, enrichi et vanné, est guetté par la mort narquoise qui trouve amusant de faire naufrager à la rive les ambitieux et les insatiables.

Parti d’un pied bohème – sous les heureux auspices, d’un groupement d’artistes de vrai talent – le cabaret chantant et déclamant vit le succès fidèle à sa fortune pendant douze ans ininterrompus.

A présent, c’est la gloire pontifiante et parvenue.

Les chefs de file, les créateurs, les initiateurs sont à l’heure actuelle, les uns morts misérablement, d’autres dévêtus de leur talent même, par la chance contraire.

A leur place, il s’est levé une armée de petits struggleurs malins qui tiennent l’emploi des Mac Nab, des Goudeau, des Jules Jouy, – et le public paie plus cher que jamais.

A cette heure d’après-midi, le cabaret est dessert et semble abruti.

Une lumière coagulée se fraye un passage à travers le vitrail de Willette, un chef-d’œuvre de sombre fantaisie, L’Adoration du Veau d’or.

La plus diabolique gnomerie du moyen âge y fraternise avec une modernité névrosée.

(page 490)

De corrects gentlemen, en habits, inclinent une tête de mort devant son Epaisse Majesté.

Des nouveau-nés, à formes rudimentaires encore suggestives du fœtus, sont tendus par de lâches mains de mégères vers cet autre Moloch, plus terrible.

Un orchestre, dirigé par un squelette, mène un tintamarre strident, où, sans doute, les cris de victoire sauvage se mêlent aux râles et aux gémissements.

En face de la cheminée, datant du règne de Louis XI (au bas mot), avec ses chenets en vieille ferraille, le beau tableau de Steinlen : toute une tribu de chats noirs, rendus étiques par les excès – donne, groupée sur les toits de Paris, une aubade à la Lune.

*
* *

Pendant longtemps, le charme du souvenir aimanta les artistes vers le fameux Chat Noir d’où ils étaient partis pour des situations brillantes et les succès.

L’heure du vermout regroupait autour des tables, en sombre chêne, le journalisme humoriste, la fine littérature, les auteurs dramatiques, les peintres et les musiciens : Alphonse Allais, Léon Gandillot, Grenet-Dancourt, Paul Arène, Courteline, Maurice Donnay, Maurice Vaucaire, Adrien Désamy, Fragerolle, Rivière, Verlaine et Vicaire et combien d’autres !

Beaucoup manquaient à l’appel et il y avait d’intéressants nouveaux venus : Hugues Delorme, Charles Bernard, Gabriel Montoya, Dominique Bonnaud, Vincent Hyspa, Jacques Ferny, Charles Quinel ; les musiciens MM. Claude de Bussy et Poujade, le peintre Neymarck ; MM. Léon de Bercy et Jean de Mitty étaient aussi de fidèles habitués de ces meetings.

Buvons le vermout grenadine,
Espoir de nos vieux bataillons,

exhortait Georges Auriol, le fantaisiste parisien japonisant.

Louise France, qui longtemps représenta le triomphe du Théâtre-Libre, frondeur et enfant terrible, si proche parent du groupe chatnoiresque – était le copain féminin de ces littérateurs et de ces peintres qu’elle éblouissait et désopilait.

Chose curieuse : jusqu’à la fin du Chat Noir, l’élément féminin y fut exclusivement représenté par le type camarade-femme, (page 491) rivale sur le terrain de la conquête artistique ; il se réduisait à quatre ou cinq figures, tout au plus, dont Mlle Irma Perrot, créatrice de la chanson populaire qu’elle disait comme un maître et comme une fée, pour lesquelles elle s’avisa plus tard d’une invention ingénieuse sous la rubrique de Chansons Illustrées, avec des attitudes expressives gardées pendant un couplet, changeant avec les intentions plastiques évoquées par les paroles.

Ces chansons illustrées virent le feu de la vraie rampe au Concert Parisien sous le règne de M. Musleg.

Mme Marthe Lys, une autre classique de la chanson, y parut aussi.

Mlles Lucienne Dorsy et Rénée Dérigny furent les seules comédiennes admises à titre d’exception au programme sacro-saint du théâtre d’ombres réservé aux seuls chansonniers mâles – en faveur de l’auteur qu’elles interprétaient, auteur féminin, muet en public, et considéré comme faisant partie de la fondation du Chat Noir, le signataire de cette petite étude.

Deux jeunes musiciennes, Mlle Clémence Duquesne et Mme Rosa Nhynn, y projetèrent la douce lueur de leur grâce, l’une par sa maîtrise de virtuose pianiste et compositeur, l’autre par sa voix splendide et charmante, avant d’emporter – mais vers quelle rive lointaine ? – le souvenir du Chat Noir, tel qu’il était alors, rayonnant de succès, d’enthousiasme et de fraternité artistique.

 

Les rangs allaient s’éclaircissant. L’esprit de lutte égoïste et solitaire, qui est un peu bien la marque de la toute dernière heure moderne, – malgré les déclamations sociologistes plus à la mode que jamais, – glaçait la sève de cordialité et de solidarité, dispersait les amis, et Salis, avant sa mort, a pu voir la mort du Chat Noir.

Mais certaines des initiatives, parties de ce foyer qui a brûlé pendant un moment d’une réelle flamme de passion intellectuelle et de sincère émulation, resteront à l’état d’influence et d’étape caractéristique dans la littérature et les arts français.

Marie Krysinska.

 

Remarques de Régis Crosnier :

– 1 – (page 477) La Creuse n’est pas le pays natal de Maurice Rollinat puisque celui-ci est né le 29 décembre 1846 à Châteauroux (Indre).

– 2 – (page 477) Les vers « A l’aube, à l’heure exquise (…) la tristesse du saule » sont les deux premiers du poème « La Vache au taureau » (Les Névroses, page 170).

– 3 – (pages 479, 480 et 481) Il semble que Marie Krysinska est inversé les études des frères Decori : on voit mieux Félix étudiant en droit, et Louis élève au Conservatoire, que l’inverse.

– 4 – (page 484) Marie Krysinska indique que Georges Duval a publié en 1882, un de ses poèmes en prose dans L’Évènement. Nous avons trouvé dans ce journal à la date du 27 février 1883, page 1, au début de l’article « Mon Carnet » signé Georges Duval, une présentation élogieuse de Marie Krysinska suivie de son poème en prose « Les bijoux faux ».

– 5 – (page 485) L’auteur signale avoir lu dans Le Gil Blas des poésies de Catulle Mendès en vers libres. Nous n’en n’avons pas trouvées dans les numéros parus en 1883. Si Catulle Mendès a écrit des poésies en vers libres, cela paraît étonnant vu ses positions prises contre le vers libre (voir par exemple la partie de l’interview de Catulle Mendès par Jules Huret, pages 292 et 293 d’Enquête sur l’évolution littéraire, Bibliothèque Charpentier, Paris, 1891, XXI + 455 pages).

– 6 – (page 485) quant à Jean Moréas, Marie Krysinska pense-t-elle à l’article « Un manifeste littéraire – Le symbolisme » paru dans Le supplément littéraire du Figaro du samedi 18 septembre 1886, pages 150 et 151 (deuxième et troisième du numéro) ?

– 7 – (page 485) Marie Krysinska indique Charles Frémine signait « Le Passant » ses articles publiés dans Le Rappel. Or, selon Georges D’Heylli, ce pseudonyme était utilisé par Ernest d’Hervilly, poète et journaliste (cf. Dictionnaire des pseudonymes page 91, de Georges D’Heylli, Dentu et Cie éditeurs, Paris, 1887, 561 pages).

– 8 – (page 485) L’emprunt au texte paru dans L’Étoile de France du 2 mai 1883 s’arrête après le deuxième extrait de poème (« Et des bonheurs éternisés. »). Cet article est paru apparemment à l’identique dans L’Impartial du 2 mai 1883, page 1, sous le titre « Silhouettes – Maurice Rollinat ». Nous n’avons pas pu faire la comparaison car sur RetroNews, la première page de L’Étoile de France est déchirée.

– 9 – (pages 485 et 486) Le poème « La Sauterelle » a été publié dans Les Névroses, pages 152 à 155. Ici, Marie Krysinska a repris les strophes 1 et 7 (sur 10).

– 10 – (page 486) Hans Memling (né entre 1435 et 1440 à Seligenstadt, petite ville située à vingt km de Francfort-sur-le-Main, Allemagne, et décédé le 11 août 1494 à Bruges, Belgique) est un peintre primitif flamand. « L’art de Memling a connu une très grande popularité à la fin du xixe s. et a passé pour l’expression la plus haute de la peinture flamande du xve s. » peut-on lire dans l’encyclopédie Larousse. En faisant cette comparaison, Marie Krysinska pensait peut-être au triptyque « Le Jugement dernier » (Musée Narodowe de Gdansk), tableau très connu d’Hans Memling, où on voit à gauche les âmes entrer au Paradis et à droite aller en Enfer.

– 11 – (page 486) Les vers « Le Ciel est le palais des Ames (…) des bonheurs éternisés. » correspondent aux deux premières strophes du poème « le Ciel » (Les Névroses, page 46). Le mot « vierge » prend une majuscule.

– 12 – (page 485) Marie Krysinska écrit à propos de la mort de Maurice Rollinat : « un deuil d’affection, auquel il ne sut point survivre ». S’il est exact que Maurice Rollinat a été très affecté par le décès de sa compagne, il ne faut pas oublier qu’il était alors très malade puisqu’il est décédé peu de temps après, vraisemblablement d’un cancer colorectal, un carcinome selon la terminologie de l’époque.

– 13 – (page 486) Parmi les poèmes cités, le titre exact du deuxième est Le Val des Marguerites, le poème La Chevelure n’existe pas, Marie Krysinska a certainement voulu dire Les Cheveux, quant au dernier son titre exact est Le Cimetière.

– 14 – (page 486) Marie Krysinska indique que les partitions de Maurice Rollinat ont été éditées par Hartmann et Lemoine. Ceci est vrai pour les premières dans les années 1880 à 1883. Mais en 1888, c’est chez F. Mackar qu’elles sont publiées, puis à partir de 1892, c’est chez Heugel.

– 15 – (page 487) Le Chat Noir a été transféré du 84, boulevard Rochechouart au 12, rue de Laval (appelée rue Victor Massé en 1887), le 10 juin 1885 (et non en 1889 comme indiqué dans l’article).