Dossier Maurice Rollinat |
MAURICE ROLLINAT DANS LA PRESSE |
Journal des débats politiques et littéraires
Lundi 2 mars 1896
Page 3.
(Voir le texte d’origine sur Gallica)
Lettres, Sciences et Arts
M. Maurice Rollinat, qui vit depuis plusieurs années retiré dans un des plus beaux et des plus tragiques paysages de la Creuse, se prépare à donner prochainement un digne pendant à Nature, le beau volume qu’il publia voici trois ans. Le recueil qui va paraître s’appellera les Apparitions, et l’on retrouvera dans ces nouvelles poésies, sous une forme impeccable et d’une clarté toute française, le double aspect du talent de M. Rollinat, un profond sentiment de la nature et une mystérieuse tendance au rêve et à l’hallucination.
Le poème suivant, entièrement inédit, est extrait des Apparitions :
LES PAYSAGES
La nature ne rend heureux
Que les innocents et les sages
Parce que, regardant en eux,
Ils retrouvent ses paysages.
La vision de sa beauté,
Douce ou grave, se continue
En leur conscience ingénue
Réfléchissant sa pureté.
Mais le pervers, lui, n’a point d’yeux
Pour le roc, l’eau, l’arbre et les cieux :
Il contemple en son être infâme
Le cauchemar plein de frissons
Et le stagnant dégoût qui sont
Les paysages de son âme.
(…)
Remarque de Régis Crosnier : Le poème « Les paysages » figure pages 119 et 120 du livre Les Apparitions.
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Journal des débats politiques et littéraires
Lundi 17 août 1896
Page 3.
(Voir le texte d’origine sur Gallica)
FEUILLETON DU JOURNAL DES DÉBATS
du 17 août 1896
LES LIVRES NOUVEAUX
(…)
Romans. – Poésies. – Nouvelles
(…)
Les Apparitions, par Maurice Rollinat. – Charpentier et Fasquelle. – In-18 ; 3 fr. 50.
La note fantastique, pour ne pas dire « macabre », domine en ce nouveau recueil d’un poète troublé par le mystère des Choses :
Nous sentons que les choses vivent...
C’est pourquoi nous les redoutons.
Il est des soirs où nous sentons
Qu’elles nous partent et nous suivent.
Mais, à côté des revenants, des formes blanches et imprécises, des personnages de cauchemar et d’insomnie qui peuplent le volume, le peintre des Brandes reparaît dans des pièces d’une grande fraicheur de sentiment, telles que Ce que dit la rivière, la Soirée verte :
La nuit s’approchait, molle et chaude,
Le ciel s’était lamé d’un glacis d’émeraude
Que la lune allait argenter.
L’inspiration n’est pas moins délicate dans ces jolis vers des Fleurs des champs :
Et l’on aime ces fleurs si douces
Qui s’harmonisent à la fois
Au gris des rocs, au roux des bois,
Au vert des herbes et des mousses.
Remarques de Régis Crosnier :
– 1 – Les vers « Nous sentons que les choses (…) et nous suivent. » correspondent à la neuvième strophe du poème « Les choses » (pages 1 à 8). Le premier vers a été modifié : Maurice Rollinat a écrit « Nous pensons (…) » au lieu de « Nous sentons (…) ».
– 2 – Les vers « La nuit s’approchait, (…) allait argenter. » correspondent à la cinquième strophe du poème « La soirée verte » (pages 150 et 151).
– 3 – Les vers « Et l’on aime ces fleurs (…) et des mousses. » correspondent à la huitième strophe du poème « Les fleurs des champs » (pages 181 à 186).
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